Il arpente les rues de la capitale pour distribuer des livres aux plus démunis
Avec le reconfinement et la fermeture temporaire des librairies, jamais l’importance des livres n’aura été autant mise en lumière dans nos quotidiens. Et pour cause, “biens essentiels” ou non, ils ont le pouvoir de nous emmener en des lieux que nos vies confinées peinent à nous offrir. Pourtant, tout le monde n’a pas la chance ni les moyens d’avoir entre les mains ces petits condensés d’évasion, de réconfort et de culture. C’est pourquoi Pierre Martial, journaliste et écrivain, a décidé de les rendre accessibles aux plus démunis. En cette période si symbolique des fêtes de fin d’année, il arpente les rues de la capitale pour distribuer des livres aux personnes défavorisées et sans-abri.
Ancien journaliste pour Libération, Pierre Martial est depuis toujours un fervent défenseur de la lecture, thématique centrale de son dernier roman Le Cinquantième Livre. Avec les bénévoles de son association “Livres Partout”, il s’est donné pour mission de diffuser son amour des livres en les rendant accessibles aux personnes précaires et aux enfants défavorisés, bien loin des murs intimidants des librairies ou des bibliothèques. Début décembre, il a entamé une distribution solidaire dans les rues de Paris pour briser l’isolement et recréer du lien social. Pour POSITIVR, il revient sur sa démarche et les raisons qui l’ont mené à prendre cette initiative pleine de sens. Interview.
Cette distribution gratuite n’est pas une première pour vous. Pourquoi avez-vous décidé d’offrir des livres aux personnes sans-abri en cette période si particulière ?
Pierre Martial – Avec l’association “Livres Partout”, que j’ai montée il y a environ 4 ans, nous souhaitons défendre la lecture et, surtout, la rendre accessible à tous. Nous avons souhaité mettre les livres “hors les murs”, c’est-à-dire pas uniquement dans les bibliothèques, les librairies ou les lieux de culture, mais partout.
Nous respectons les mesures sanitaires lors des distributions. Et même si c’est plus difficile, c’est un tel réconfort et un tel espoir pour certains que nous devons continuer à le faire. Surtout que, pendant le confinement, il y a énormément de personnes isolées qui n’auraient peut-être pas tenu sans les livres pour leur tenir compagnie ! Les livres sont d’une importance capitale comme lien social, comme lien de fraternité, comme vecteur d’ouverture d’esprit. On a beau être confinés dans un endroit, ou même dans une vie particulière, on peut vivre mille vies et s’évader totalement à travers les livres.
“Je pense que tout le monde a droit à la culture”
J’ai des amis qui m’ont déjà dit : “Oui mais les gens qui sont dans la rue, il vaut mieux leur donner un plat chaud plutôt qu’un livre”. Je trouve cela très méprisant. Je pense que tout le monde a droit à la culture, chacun à son niveau évidemment. Bien sûr, je suis un humaniste, je participe aux Restos du cœur et à beaucoup d’autres actions humanitaires, mais je pense que les livres sont essentiels et que, grâce à eux, certaines personnes peuvent s’en sortir. Et puis, pour être franc, je glisse toujours un petit billet à l’intérieur du livre, comme une sorte de marque-page, parce que l’un n’empêche pas l’autre.
Lorsque vous offrez des livres, comment réagissent les personnes sans-abri ? Avez-vous déjà rencontré de grands lecteurs ?
Je n’en connais pas énormément qui lisent, et lorsque quelqu’un n’en veut pas, il est hors de question d’insister. Mais il y en a qui lisent beaucoup. Je pense par exemple à une femme, dans le 18e arrondissement, à qui je porte régulièrement des livres. Elle a une cinquantaine d’années et vit sur un banc depuis environ trois ans. Elle lit énormément et (…)